De grands paris de l’histoire de la physique
Même si la science progresse généralement grâce à des recherches, mises à l’épreuve et vérifications rigoureuses, il arrive parfois qu’une intuition — assortie d’un peu de compétition amicale — puisse pousser des scientifiques à poursuivre la quête de la vérité.
La vénérable tradition des paris scientifiques ajoute des enjeux (généralement très peu importants) et un peu de légèreté à la méthode scientifique.
C’est un pari qui a amené Isaac Newton à écrire ce qui allait devenir son chef d’œuvre, Principia. Stephen Hawking est peut-être le scientifique contemporain le plus célèbre, mais cela ne veut pas dire qu’il connaît toutes les réponses : il a fait de nombreux paris, mais les a presque tous perdus.
John Preskill, collègue de Stephen Hawking qui a gagné certains de ces paris, a déclaré : « Stephen Hawking est sans aucun doute un grand scientifique, mais c’est un piètre parieur. » [traduction] (À la décharge de Stephen Hawking, beaucoup croient qu’il fait délibérément des paris très risqués afin d’attirer l’attention sur des débats scientifiques intéressants.)
Voici certains des plus grands paris — dont quelques-uns sont toujours en cours — de l’histoire de la physique.
En 1870, John Hampden, adepte de la théorie selon laquelle la Terre serait plate, a parié 500 £ avec Alfred Russel Wallace, qui disait pouvoir prouver que la Terre est ronde. Wallace a placé 2 repères à 5 km l’un de l’autre dans la rivière Old Bedford, dans le comté de Norfolk, et a montré à l’aide d’un télescope que le repère le plus près paraissait plus haut. Mauvais perdant, John Hampden a par la suite fait des menaces de plus en plus ignobles envers Wallace.
Lisez ce compte rendu détaillé sur l’expérience de la rivière Bedford.
Stephen Hawking a un dossier lamentable en tant que parieur. En 2012, lorsque le boson de Higgs a été découvert au grand collisionneur de hadrons, il a dû payer 100 $ à Gordon Kane, de l’Université du Michigan. Stephen Hawking avait parié que cette monumentale découverte n’aurait pas lieu.
Visionnez le mini-documentaire Hawking at the Perimeter (Stephen Hawking à l’Institut Périmètre).
Un pari de 200 $ (canadiens) est ouvert depuis longtemps entre Neil Turok, directeur de l’Institut Périmètre, et Stephen Hawking, à propos de la détection d’ondes gravitationnelles primitives dans le rayonnement fossile. Si de telles ondes sont détectées au-dessus de la barre des 5 %, Stephen Hawking gagnera. Dans le cas contraire, Neil Turok l’emportera.
Renseignez-vous sur la recherche d’ondes gravitationnelles primitives.
En 1997, Stephen Hawking et Kip Thorne ont parié ensemble contre John Preskill, physicien quantique à Caltech, à propos du soi-disant paradoxe de l'information perdue des trous noirs. Les deux premiers affirmaient que de l’information est perdue dans un trou noir, ce que niait John Preskill. Stephen Hawking a admis sa défaite en 2004 et payé l’enjeu du pari : une encyclopédie du baseball. Kip Thorne n’a pas fourni sa part, prétendant que la question n’était pas encore réglée.
Visionnez une courte vidéo qui explique le paradoxe de l’information perdue des trous noirs.
En août 2016, 44 physiciens se sont réunis à Copenhague pour régler l’issue d’un pari fait 16 ans auparavant. Parmi ces scientifiques, 20 avaient parié que le grand collisionneur de hadrons aurait détecté des preuves de la supersymétrie, et 24 avaient parié le contraire. Le camp du non l’a emporté, ce qui lui a valu une bouteille « de bon cognac, d’une valeur d’au moins 100 $ » [traduction].
Visionnez une brève introduction à la supersymétrie, par S. James Gates fils, titulaire d’une chaire de chercheur invité distingué de l’Institut Périmètre.
En 1684, Christopher Wren annonça qu’il remettrait un livre d’une valeur de 40 shillings à toute personne qui réussirait à fournir dans les 2 mois une théorie mathématique reliant les lois de Kepler à une force précise de la nature. Isaac Newton releva le défi, avec un article qui allait faire partie de son chef d’œuvre Principia. Mais il y parvint plusieurs années trop tard pour pouvoir réclamer le prix.
Visionnez un exposé du physicien Barry Barish à propos de la controverse qui se cache derrière l’ouvrage Principia de Newton.
William Phillips, lauréat d’un prix Nobel, a parié 100 $ qu’il n’y aura aucune nouvelle surprise majeure en physique quantique au cours du prochain demi-siècle. Il dit qu’il adorerait perdre ce pari.
Visionnez un extrait de la conférence publique de William Phillips à l’Institut Périmètre.
Une bouteille de whisky était l’enjeu d’un pari tenu dans les années 1950 entre Walter Baade et Rudolph Minkowski sur le fait de savoir si une galaxie à l’aspect étrange résultait de la collision de 2 galaxies. Minkowski a reconnu sa défaite, mais on rapporte qu’il a quand même bu la plus grande partie du whisky.
Lisez l’histoire de Cygnus A (et pourquoi de nombreux chercheurs pensent maintenant que Minkowski a eu en fait raison de boire le whisky).
En 1991, John Preskill et Kip Thorne ont parié ensemble contre Stephen Hawking à propos de l’existence et de l’observation possibles de singularités visibles à l’extérieur des trous noirs. Six ans plus tard, Stephen Hawking a admis à contrecœur sa défaite sur un point technique — des singularités visibles peuvent théoriquement se produire dans certaines conditions.
Lisez un article paru en 1997 dans le New York Times à propos de ce pari.
Il y a une vingtaine d’années, l’astrophysicien Frank Shu a parié à son collègue George Djorgovski qu’avant 2001, plusieurs paramètres-clés de l’univers seraient déterminés à 20 % près. Au départ, ils ont parié 100 gallons d’essence, mais se sont entendus sur le fait que l’essence pourrait être remplacée par du vin en cas d’épuisement des stocks d’essence dans le monde avant 2001.
Lisez l’article du New York Times intitulé Putting Their Money Where Their Minds Are (Investir dans leurs opinions) à propos des paris scientifiques.
À propos de l’IP
L'Institut Périmètre est le plus grand centre de recherche en physique théorique au monde. Fondé en 1999, cet institut indépendant vise à favoriser les percées dans la compréhension fondamentale de notre univers, des plus infimes particules au cosmos tout entier. Les recherches effectuées à l’Institut Périmètre reposent sur l'idée que la science fondamentale fait progresser le savoir humain et catalyse l'innovation, et que la physique théorique d'aujourd'hui est la technologie de demain. Situé dans la région de Waterloo, cet établissement sans but lucratif met de l'avant un partenariat public-privé unique en son genre avec entre autres les gouvernements de l'Ontario et du Canada. Il facilite la recherche de pointe, forme la prochaine génération de pionniers de la science et communique le pouvoir de la physique grâce à des programmes primés d'éducation et de vulgarisation.