Une tournée sur l’innovation apporte — et découvre — de l’inspiration partout au Canada
Sarah Hart connaît le prix de l’isolement. Depuis des années, sa famille fait régulièrement de longs voyages à Edmonton pour que la sœur de Sarah, atteinte de fibrose kystique, puisse obtenir les traitements médicaux avancés dont elle a besoin.
Comme Sarah Hart voit de près l’importance de la technologie médicale moderne, ce n’est pas surprenant qu’elle veuille poursuivre des études en génie biomédical lorsqu’elle aura obtenu son diplôme d’école secondaire cette année. Ce qui pourrait surprendre toutefois, c’est qu’elle veuille faire du génie biomédical chez elle, à Yellowknife.
« J’aimerais être diplômée en génie biomédical, a-t-elle déclaré, puis travailler sur les machines d’IRM et trouver un moyen de les rendre plus compactes et faciles à transporter, afin que notre gouvernement ait les moyens de s’en procurer. Les gens d’ici méritent d’être traités chez eux. » [traduction]
Sarah Hart, élève de 12e année à l’école St. Patrick[/caption]
Sarah Hart a de grandes ambitions, qui ne sont pas déplacées ici, dans une région de lacs gelés et de lagopèdes. Dès que l’on explore le Canada, il ne faut pas beaucoup de temps pour se rendre compte que l’innovation est une question de survie dans le Grand Nord. Par conséquent, lorsque les responsables de la tournée Le pouvoir des idées ont établi son parcours pour le 150e anniversaire du pays, il allait de soi qu’il y aurait des arrêts bien au nord du 49e&bnsp;parallèle.
Les Inuits ont créé les premières lunettes de soleil au monde, pour prévenir la cécité des neiges. Des chauffe-bloc permettent de faire démarrer des moteurs à −40 degrés. Une route de glace commence là où s’arrête la route asphaltée. S’il y a un problème, on trouve une manière de le résoudre, que ce soit pour avoir les orteils au chaud ou pour faciliter l’accès aux soins médicaux. L’innovation n’est pas un mot à la mode, c’est une qualité humaine essentielle.
Malheureusement, la plupart des histoires d’innovation mettent l’accent sur le résultat — la nouvelle technologie révolutionnaire, la percée sociale, le succès commercial —, alors que le moteur de l’innovation est le processus qui conduit à ce résultat. L’innovation n’est pas une destination : c’est un processus, qui s’apprend et se perfectionne, et qui est à la portée de tous.
Pendant toute l’année 2017, l’exposition itinérante Le pouvoir des idées transmet ce message à des milliers d’élèves, dans le cadre d’Innovation150. La tournée comprend 60 étapes, la plupart dans des collectivités régionales et isolées mal desservies. L’organisme de sensibilisation Actua y présente Maker Mobile, atelier de fabrication qui permet aux élèves de s’attaquer à des problèmes de sciences, technologie, génie et mathématiques.
L’objectif visé est d’éveiller la prochaine génération de patenteurs, bricoleurs, constructeurs et penseurs — peu importe où ils vivent.
Comme vous le diront les élèves de l’école secondaire St. Patrick de Yellowknife, ce ne sont pas seulement les jeunes des grandes villes qui ont le potentiel de façonner l’avenir. « Il y a ici des jeunes très intelligents, d’excellents élèves, a déclaré Sarah Hart. Nous aussi méritons d’être reconnus. » [traduction]
Son collègue de classe Sebastian Toner a dit que l’exposition Le pouvoir des idées l’a amené à reconsidérer certaines de ses propres idées et à envisager de créer des innovations dans l’avenir. « :C’est bien que cette exposition soit venue jusqu’ici. D’habitude, c’est nous qui devons nous déplacer pour voir des choses. C’est chouette que cette tournée vienne à Yellowknife. C’est une bonne occasion pour tous ici. » [traduction]
Abbey et Cobain Roos font pointer les composantes du modèle de télescope EHT sur une galaxie lointaine.[/caption]
La tournée est surtout destinée aux élèves de la fin du primaire au cégep, mais certaines étapes, comme celle de Yellowknife au début mars, comprennent une activité publique ouverte à tous.
Professeure de physique et chef du Département des sciences à l’école St. Patrick, Thana Rahim espère que ce projet d’une année continuera de résonner dans les régions rurales et isolées du Canada longtemps après le 150e anniversaire.
« J’espère que [, grâce à Innovation150,] le Canada comptera davantage de physiciens et de scientifiques, a-t-elle déclaré. Cette tournée est inspirante. L’innovation n’est pas réservée aux premiers de classe. Si vous avez une idée, une simple idée, que vous la visualisez, la cultivez et croyez en elle — vous pouvez la réaliser. Je suis très heureuse que mes élèves puissent vivre cette expérience. » [traduction]
Les élèves ne sont pas les seuls à s’instruire sur l’innovation au Canada. Quatre conférenciers — spécialistes de la physique, de la biologie marine et des neurosciences — participent à la tournée en faisant des exposés et des démonstrations.
Cette expérience les a amenés à redéfinir leur propre compréhension de ce que l’innovation signifie pour eux et pour le Canada.
Par exemple, Cat Lau, spécialiste de la psychologie et des neurosciences, estime que l’innovation consiste à apporter quelque chose de positif au monde. « La science est indéniablement un moyen de faire une différence, a-t-elle déclaré. De voir des gens si intéressés par la science me remplit d’espoir. » [traduction]
Selon elle, la tournée démontre que la science peut avoir des répercussions bien au-delà du domaine lui-même. Après son exposé, des élèves sont venus la trouver, disant vouloir utiliser des idées scientifiques dans leurs romans ou leurs nouvelles. « C’est intéressant de voir comment la science peut devenir une muse pour des gens qui ne s’y intéressent pas de prime abord. Qui sait, ils pourraient être les prochains innovateurs? » [traduction]
Lauren Sortome et Kevin Semple, animateurs de l’atelier de fabrication Maker Mobile d’Actua[/caption]
Lauren Sortome, 22 ans, instructeur chez Actua, n’est pas beaucoup plus vieux que les élèves qui participent aux projets de l’atelier de fabrication Maker Mobile. Selon lui, il y a énormément de raisons de se réjouir.
« En participant à cette tournée à titre de membre d’Innovation150, a-t-il déclaré, je me rends compte du potentiel énorme de tous ces jeunes, des idées qu’ils ont et de leur désir de les mettre en pratique si on leur en donne l’occasion. Nous avons vu quelques innovations extraordinaires. » [traduction]
Bishal Yadav n’avait pas besoin de motivation supplémentaire pour étudier en sciences — il espère étudier en génie aérospatial ou en astronomie après avoir obtenu son diplôme d’école secondaire cette année —, mais la visite de la tournée Le pouvoir des idée dans sa ville natale lui a donné l’impression de se rapprocher un peu de son rêve.
« D’habitude, il n’y a pas beaucoup d’activités scientifiques ou d’expositions à Yellowknife, a-t-il déclaré. Innovation et science vont de pair. C’est comme cela que la technologie progresse et que le monde continue d’avancer. » [traduction]
À l’avant-garde de ce mouvement, il y aura les adolescents et jeunes adultes canadiens qui auront cette année la chance de jouer avec des modèles du télescope Horizon des événements et du grand collisionneur de hadrons dans l’exposition Le pouvoir des idées, de formuler des théories des cordes grâce au tube mystérieux de l’Institut Périmètre, de s’instruire sur les électrons en jouant avec la boule de plasma, et de fabriquer leurs propres stations météo à l’aide de Maker Mobile.
« Nous avons tous les mêmes questions fondamentales », a déclaré Sarah Hart, la future étudiante en génie biomédical. « Qu’y a-t-il là-haut? Dans quel univers vivons-nous? Peu importe la langue, tout le monde se pose les mêmes questions. La science abolit les barrières entre nous et nous permet de trouver les réponses ensemble. » [traduction]
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À propos de l’IP
L'Institut Périmètre est le plus grand centre de recherche en physique théorique au monde. Fondé en 1999, cet institut indépendant vise à favoriser les percées dans la compréhension fondamentale de notre univers, des plus infimes particules au cosmos tout entier. Les recherches effectuées à l’Institut Périmètre reposent sur l'idée que la science fondamentale fait progresser le savoir humain et catalyse l'innovation, et que la physique théorique d'aujourd'hui est la technologie de demain. Situé dans la région de Waterloo, cet établissement sans but lucratif met de l'avant un partenariat public-privé unique en son genre avec entre autres les gouvernements de l'Ontario et du Canada. Il facilite la recherche de pointe, forme la prochaine génération de pionniers de la science et communique le pouvoir de la physique grâce à des programmes primés d'éducation et de vulgarisation.