Une conférence d’une journée met en valeur les nombreuses carrières possibles pour les diplômés en physique
Que pouvez-vous faire avec un diplôme d’études supérieures en physique théorique? En fait, presque n’importe quoi.
C’est ce que vise à souligner la journée Trajectoires de carrière, organisée chaque année par l’Institut Périmètre afin d’encourager les étudiants diplômés et les postdoctorants à envisager des plans de carrière au-delà de la seule recherche universitaire, et à réfléchir sérieusement aux meilleures manières d’apporter une contribution à notre monde.
La conférence de cette année, qui a eu lieu le 4 juin à l’Institut Périmètre, a réuni 120 participants de l’Institut et de 8 autres institutions et universités des environs. Le moment fort de la journée a été une séance de réseautage d’une durée de 2 heures, pendant laquelle des représentants de l’industrie ont présenté avec enthousiasme leur entreprise aux jeunes physiciens tout aussi désireux d’en entendre parler.
Il y a eu en outre un discours principal de Crystal Bailey, directrice des programmes professionnels à la Société américaine de physique (APS), ainsi que des tables rondes sur les parcours menant au secteur privé, au milieu universitaire ou à des carrières plus atypiques.
Selon la panéliste Natacha Altamirano, les étudiants en physique sont mieux préparés qu’ils ne le croient à tous ces parcours. Mme Altamirano, ancienne de l’Institut Périmètre qui a obtenu une maîtrise et un doctorat en cosmologie, est maintenant scientifique des données dans le domaine du capital de risque. « Les étudiants en physique sont assis sur une mine d’or, dit-elle, et certains d’entre eux ne s’en rendent pas compte. Nous avons les compétences requises pour résoudre de grands problèmes. Nous savons comment décomposer un problème en parties plus simples et trouver de réelles solutions. C’est quelque chose de rare. » [traduction]
Où aboutissent donc les physiciens? Évidemment, beaucoup vont dans le milieu universitaire. Mais, comme le fait remarquer Mme Bailey, la plupart adoptent un autre parcours.
Certains de ces parcours vont de soi. « L’apprentissage automatique est un domaine très important. La science des données aussi. L’informatique quantique a beaucoup d’avenir. C’est un domaine en émergence, tout nouveau, et les physiciens sont particulièrement bien placés pour y réussir. Nous avons absolument besoin de physiciens en informatique quantique. Les ingénieurs ne suffisent pas. » [traduction]
Mais d’autres parcours sont moins faciles à trouver.
Les grands attraits de la physique
Natacha Altamirano, Margaret Fraser, Alex Radovic et Rene Stock en conversation avec la modératrice Kelly Foyle[/caption]
Les représentants d’entreprises participant à la séance de réseautage ont fait écho aux propos de Crystal Bailey. Dror Hermel, qui dirige l’académie d’analyse chez le géant de l’assurance et des services financiers SunLife, dit qu’il est toujours à la recherche de physiciens pour son équipe : « Les physiciens transforment les données en information. » [traduction] Il s’agit d’un talent rare, qui s’avère précieux dans un monde de plus en plus dépendant des données.
Par exemple, avec un million de marchands qui utilisent l’environnement Shopify pour transformer leurs sites Web en vitrines virtuelles, la société de logiciel Shopify, qui a des bureaux à Waterloo, a besoin chaque année de 30 à 50 scientifiques de données dans son programme de stages. Les physiciens sont parmi les candidats favoris. « Les chercheurs en physique traitent énormément de données », déclare Sacha Adkins, qui recrute ces stagiaires. « Ils ont beaucoup de ressources. Ils savent comment utiliser ces données, comment y mettre de l’ordre. Non seulement ils se servent d’outils, mais ils se demandent quels outils nous devrions créer. » [traduction]
Phil Kaye est directeur de programme, Affaires générales, au sein de l’entreprise d’informatique quantique D-Wave Systems. Il recherche des compétences différentes, mais néanmoins bien précises. « Au cours des dernières années, dit-il, on a assisté à une explosion de technologies quantiques sur les marchés. Et la croissance est rapide dans ce domaine. » [traduction]
D-Wave a des clients dans les domaines de la finance, des techniques avancées de fabrication, de la médecine de précision, de la mise au point de médicaments, etc. M. Kaye dit que son entreprise construit maintenant un ordinateur quantique de la prochaine génération. « Nous avons besoin de gens qui connaissent la supraconductivité, la théorie de l’information, les mathématiques. » D-Wave, dont le siège est à Vancouver, est venue à la journée Trajectoires de carrière dans l’espoir de recruter des talents et d’établir des liens avec l’écosystème croissant d’entreprises quantiques dans la région de Waterloo. « Waterloo, dit-il, est un lieu naturel pour aller plus loin. » [traduction]
L’apprentissage automatique convient souvent aux physiciens, comme l’a probablement montré l’intérêt pour l’apprentissage automatique chez Google et pour les chercheurs en IA. Alexander Radovic, physicien des particules devenu chercheur en apprentissage automatique chez Borealis AI, l’explique comme suit : « La physique n’a pas le monopole des problèmes difficiles et non résolus, mais de ses rangs sortent régulièrement des gens prêts à s’y attaquer. Le monde a besoin de physiciens. » [traduction]
Les parcours plus atypiques
Les participants ont aussi entendu des physiciens qui n’avaient pas suivi les chemins bien balisés menant à l’industrie, mais qui ont tracé leur propre voie. Le panel sur les parcours plus atypiques comprenait une titulaire d’un doctorat en astrophysique devenue rédactrice scientifique, un physicien des systèmes quantiques à N corps devenu député fédéral, et plusieurs personnes qui utilisent leurs diplômes en physique pour connaître et élaborer des politiques publiques ou promouvoir des changements sociaux.
Après tout, s’il y a une chose que l’obtention d’un diplôme d’études supérieures en physique prouve, c’est que son titulaire peut acquérir de nouvelles compétences et s’attaquer à de nouveaux problèmes. Il s’agit là d’une aptitude hautement transférable.
Margaret Fraser, spécialiste du marketing technique chez OpenText, a parlé de son premier emploi en dehors du milieu universitaire, chez le géant des chemins de fer CP Rail : « Ils m’ont dit : ‘Personne ne connaît nos systèmes car ils sont exclusifs. Tous ceux qui arrivent ici doivent les apprendre. Nous aimons embaucher des physiciens parce que nous savons qu’ils sont capables d’apprendre.’ » [traduction]
Même la table ronde sur les parcours vers le milieu universitaire a souligné la grande variété des possibilités qui s’offrent à un physicien. Chris Herdman, de l’université Middlebury College, a parlé d’une carrière motivée par une passion de l’enseignement à des étudiants de 1er cycle. Alexandra Terrana, de l’université Minerva, a parlé de la mise sur pied d’un nouveau type de formation répartie à l’échelle mondiale.
Rowan Thomson, qui a fait un doctorat en théorie des cordes à l’Institut Périmètre, a raconté comment elle est devenue professeure de physique, non pas en théorie des cordes, mais en physique de la radiothérapie informatique. « La recherche, c’est de la recherche, dit-elle. Passer d’un domaine de recherche à un autre n’est pas trop difficile — c’est comme de changer de fuseau horaire. Mais avoir comme coauteurs des médecins, et savoir qu’ils traiteront de véritables patients sur la base de vos résultats, c’est à la fois touchant et exaltant, et ce sentiment ne se dissipe pas. Je suis heureuse. » [traduction]
En plus de bénéficier d’ateliers sur le réseautage, de conseils sur la rédaction de curriculum vitae et de descriptifs de recherche ainsi que sur les choses à faire et à ne pas faire en entrevue, les jeunes physiciens qui ont participé à la journée Trajectoires de carrière en sont ressortis avec un sentiment d’optimisme.
« Pensez aux problèmes que les physiciens pourraient résoudre dans le monde si plus de physiciens étaient entrepreneurs et innovateurs, a déclaré Mme Bailey, de l’APS. N’importe qui dans cette salle pourrait changer le monde. » [traduction]
À propos de l’IP
L'Institut Périmètre est le plus grand centre de recherche en physique théorique au monde. Fondé en 1999, cet institut indépendant vise à favoriser les percées dans la compréhension fondamentale de notre univers, des plus infimes particules au cosmos tout entier. Les recherches effectuées à l’Institut Périmètre reposent sur l'idée que la science fondamentale fait progresser le savoir humain et catalyse l'innovation, et que la physique théorique d'aujourd'hui est la technologie de demain. Situé dans la région de Waterloo, cet établissement sans but lucratif met de l'avant un partenariat public-privé unique en son genre avec entre autres les gouvernements de l'Ontario et du Canada. Il facilite la recherche de pointe, forme la prochaine génération de pionniers de la science et communique le pouvoir de la physique grâce à des programmes primés d'éducation et de vulgarisation.