Un coup d’œil au bureau de Jaume Gomis à l’Institut Périmètre révèle de petites histoires de sa vie.
Sur une chaise trône un vieux coussin matelassé par sa mère, orné d’une caricature brodée : un dessin fantasque d’Albert Einstein poussant Stephen Hawking en fauteuil roulant, tous deux riant aux éclats en discutant de physique. Le dessin avait été réalisé par un ami d’université de Gomis (devenu ensuite animateur chez Disney), faisant de ce coussin un rappel permanent de la famille, des amis, et de la physique.
« Ma mère était une artiste, et je pense avoir hérité d’un peu de cette créativité », dit Gomis en tenant le coussin, aujourd’hui aplati par des années de visites de collègues et d’étudiants venus s’y asseoir.
Sur une petite table près du bureau de Gomis trône une petite sculpture en fer : une silhouette humaine faite à partir d’une clé, parfaitement équilibrée sur une plateforme pour osciller comme un pendule lorsqu’on la met en mouvement.
« C’est une œuvre que ma chère épouse, Sheila, m’a offerte peu après notre arrivée à Waterloo », se souvient-il. « Elle pensait que c’était la combinaison parfaite entre un art simple et une expression de science. Elle est là depuis 20 ans. »
Ailleurs dans le bureau de Gomis, on aperçoit des indices de sa vie d’athlète. Il a longtemps été nageur de compétition et s’entraîne actuellement pour les Championnats du monde de triathlon aquathlon 2025 à Pontevedra, en Espagne.
« Quand on est athlète, on ne peut pas se mentir à soi-même », dit-il. « On sait que si on fait le travail, il n’y a pas d’excuses. Il faut avoir confiance qu’on y arrivera. »
Gomis a rejoint le corps professoral de l’Institut Périmètre en 2004, l’année où la construction du bâtiment permanent de l’Institut a été achevée, et il s’est consacré à aider l’institution à grandir et à réussir.
« Quand j’y repense, je deviens un peu ému », dit Gomis à propos de sa décision de rejoindre Périmètre.
« Je me suis dit que je n’allais pas seulement penser à ma recherche, mais aussi à ce que Périmètre pouvait devenir. Alors je suis très fier aujourd’hui de voir que l’enfant a si bien grandi. Chaque fois que je viens à Périmètre, j’ai l’impression d’être béni. Parfois, je dois me pincer pour réaliser qu’on peut faire ça comme métier. »
Au cours de ses deux décennies à Périmètre, Gomis a exploré de nombreux aspects de son domaine, les champs quantiques et les cordes, et il est actuellement fasciné par les « défauts » en théorie quantique des champs.
Bien que le mot « défaut » évoque généralement des imperfections, Gomis s’intéresse à un tout autre type de défauts – des objets étendus comme des courbes et des surfaces dans les théories quantiques des champs.
« Le mot “défaut” a presque une connotation négative, mais ces objets codent des choses qu’on ne pourrait pas voir autrement », explique-t-il. « En étudiant ces défauts dans un système physique, on peut comprendre des propriétés du système qui ne seraient jamais visibles en étudiant seulement les observables habituelles qu’on trouve dans les manuels. »
Gomis dit que lui et ses collègues sont motivés par le désir de découvrir « la prochaine couche de la réalité » – une compréhension unifiée et cohérente du fonctionnement de l’univers, de l’échelle quantique à l’échelle cosmique.
C’est précisément pour cela que l’Institut Périmètre a été créé : pour offrir un lieu où des scientifiques brillants peuvent collaborer afin d’expliquer le fonctionnement de l’univers.
« Périmètre est plus grand que chacun de nous », dit-il. « C’est un élément crucial de l’équation. C’est à nous de faire en sorte que l’Institut tienne la promesse de ce qu’il veut devenir. »
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À propos de l’IP
L'Institut Périmètre est le plus grand centre de recherche en physique théorique au monde. Fondé en 1999, cet institut indépendant vise à favoriser les percées dans la compréhension fondamentale de notre univers, des plus infimes particules au cosmos tout entier. Les recherches effectuées à l’Institut Périmètre reposent sur l'idée que la science fondamentale fait progresser le savoir humain et catalyse l'innovation, et que la physique théorique d'aujourd'hui est la technologie de demain. Situé dans la région de Waterloo, cet établissement sans but lucratif met de l'avant un partenariat public-privé unique en son genre avec entre autres les gouvernements de l'Ontario et du Canada. Il facilite la recherche de pointe, forme la prochaine génération de pionniers de la science et communique le pouvoir de la physique grâce à des programmes primés d'éducation et de vulgarisation.
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