Si vous trouvez la physique des trous noirs complexe, essayez d’écrire un livre pour enfants sur le sujet.
Cosmologiste à l’Institut Périmètre, Ghazal Geshnizjani maîtrise le langage des mathématiques et peut passer des heures plongée dans les équations et les formules.
Mais traduire ce langage en mots – en histoires captivantes pour les enfants – l’a obligée à aborder de grandes idées d’une manière totalement différente.
Elle a écrit Bella le trou noir, un conte illustré qui raconte l’histoire d’une étoile qui devient un trou noir avant de retrouver sa compagne binaire, en partie à cause des changements personnels qu’elle vivait à ce moment-là.
« Avoir des enfants transforme profondément vos priorités – ce qui doit passer en premier dans la vie », dit-elle. « Et cela vous fait aussi prendre conscience à quel point nos expériences d’apprentissage sont extraordinaires dès les tout premiers instants. »
Elle a été motivée à écrire un livre pour enfants par le désir de partager les merveilles de ses recherches avec son jeune fils, qui s’était pris de passion pour tout ce qui touche à l’astronomie. Mais le processus d’écriture – condenser des concepts incroyablement complexes en idées qui résonnent sur le plan émotionnel pour les enfants – est devenu une récompense en soi.
C’est la même récompense que Geshnizjani retire de l’enseignement des cours de niveau maîtrise dans le cadre du programme Perimeter Scholars International, ou de ses échanges avec les groupes scolaires en visite. En tant que membre du corps professoral enseignant, Geshnizjani partage son temps entre ses propres recherches et le transfert de connaissances aux étudiants et aux jeunes chercheurs.
« En milieu universitaire, on apprend vraiment quand on enseigne quelque chose à quelqu’un d’autre, dit-elle. C’est là qu’on comprend le mieux. Quand on enseigne, on en conserve une partie, puis on se dit : “Bon, j’ai réussi à porter la torche, maintenant je l’ai transmise à quelqu’un d’autre.” Et c’est une belle sensation. J’adore cette partie du processus. »
Partager ses connaissances a toujours été important pour elle. En grandissant en Iran, ses parents lui ont transmis le goût du raisonnement analytique et de la résolution de problèmes. « Mes parents n’étaient pas vraiment... des mathématiciens ou des scientifiques, mais ils avaient cette tendance à tout repenser et à tout analyser », raconte-t-elle. L’enthousiasme de son père pour les mathématiques l’a profondément marquée.
« Il pensait que c’était le sujet le plus important. Les maths, c’est un outil pour le cerveau, comme une clé à molette. Peu importe ce qu’on finit par faire dans la vie, c’est utile d’en avoir. »
Aujourd’hui, elle reconnaît à quel point son père avait raison.
Ses premières études scientifiques ont coïncidé avec la fin de la guerre Iran-Irak, une période tumultueuse qui a néanmoins ouvert des portes inattendues. Après la cinquième année, elle a été sélectionnée pour un programme d’enrichissement dans sa ville.
« Je ne sais pas trop comment j’ai été acceptée, je ne m’y attendais pas », se souvient-elle. Entourée de camarades partageant ses intérêts et guidée par des enseignants inspirants, elle a entrepris un parcours qui allait l’amener à l’avant-garde de la physique théorique.
C’est lors d’une conversation informelle à une école d’été à Santa Fe, au Nouveau-Mexique, que Geshnizjani a entendu parler pour la première fois de l’Institut Périmètre. L’idée d’un nouvel institut entièrement consacré à la physique théorique au Canada a piqué sa curiosité. Des années plus tard, après avoir complété son doctorat et ses recherches postdoctorales, elle a fini par y atterrir.
Son mari, Niayesh Afshordi, est professeur associé à l’Institut Périmètre et à l’Université de Waterloo. Ensemble, ils échangent souvent des idées et des théories. Leurs enfants sont d’ailleurs souvent présents à l’Institut, où ils dessinent des images colorées ou résolvent de simples problèmes mathématiques sur les tableaux.
« J’adore l’atmosphère ici, dit-elle. Ce sentiment d’appartenance, en soi, est une force importante, puissante. La physique repose sur la communauté, sur la collaboration. La majorité de la science se construit par cet échange collaboratif d’idées, par les discussions — c’est comme ça qu’on progresse. »
Le fil conducteur qui unit cette communauté, dit-elle, c’est la curiosité commune à propos de l’Univers et le désir de révéler ses mystères au bénéfice de tous.
« La science finit toujours par nous récompenser, dit-elle. Même quand on a l’impression qu’il n’y a rien à gagner à suivre sa curiosité, toutes les technologies dont on dispose aujourd’hui viennent de quelqu’un qui a été curieux. »
À propos de l’IP
L'Institut Périmètre est le plus grand centre de recherche en physique théorique au monde. Fondé en 1999, cet institut indépendant vise à favoriser les percées dans la compréhension fondamentale de notre univers, des plus infimes particules au cosmos tout entier. Les recherches effectuées à l’Institut Périmètre reposent sur l'idée que la science fondamentale fait progresser le savoir humain et catalyse l'innovation, et que la physique théorique d'aujourd'hui est la technologie de demain. Situé dans la région de Waterloo, cet établissement sans but lucratif met de l'avant un partenariat public-privé unique en son genre avec entre autres les gouvernements de l'Ontario et du Canada. Il facilite la recherche de pointe, forme la prochaine génération de pionniers de la science et communique le pouvoir de la physique grâce à des programmes primés d'éducation et de vulgarisation.
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