Faire progresser la science dans le monde
Lorsqu’Ali Assem Mahmoud est arrivé à Waterloo en 2017 après avoir parcouru plus de 9 000 km à partir de son domicile du Caire, en Égypte, il est devenu l’un des rares diplômés africains étudiant les mathématiques et la physique au Canada.
Cela s’est avéré tout un apprentissage, autant culturel qu’universitaire.
« Cela n’a pas été facile au début », dit-il. Mais, selon lui, l’expérience en a valu la peine, car elle lui a permis d’élargir sa vision du monde. Cela lui sera utile puisqu’il enseigne à son tour à des groupes d’étudiants de plus en plus diversifiés. « J’ai beaucoup appris sur d’autres cultures, et cela se répercute sur tout ce que je fais. » [traduction]
Après avoir obtenu son doctorat en combinatoire et optimisation à l’Université de Waterloo, il a fait un stage postdoctoral à l’Université d’Ottawa. Tout récemment, en 2021-2022, il a séjourné à l’Institut Périmètre en tant que boursier postdoctoral des instituts Fields, AIMS et Périmètre.
La bourse africaine des instituts Fields, AIMS et Périmètre résulte d’un partenariat tripartite unique en son genre entre l’Institut Périmètre, l’Institut africain des sciences mathématiques (en abrégé AIMS pour African Institute for Mathematical Sciences) et l’Institut Fields de recherche mathématique de Toronto.
Cette bourse vise à soutenir des Africains qui sont postdoctorants ou récents titulaires de doctorat en mathématiques ou en physique théorique. Elle propulse leur carrière en soutenant leur formation avancée et en leur donnant la possibilité de travailler en étroite collaboration avec des chercheurs en mathématiques et en physique au Canada. Le but ultime du programme est de faire progresser la science en Afrique et dans le monde.
Depuis 2014, 8 chercheurs africains en début de carrière ont bénéficié de ce programme de bourses. M. Mahmoud est l’un des 2 chercheurs qui ont obtenu une bourse cette année. L’autre est Kennedy Obinna Idu, qui a fait son stage à l’Institut Fields. Originaire du Nigeria, il a obtenu son doctorat à l’Université de Pise, en Italie.
Cette année, les 3 instituts ont convenu d’étendre leur partenariat pour 5 années supplémentaires, jusqu’en 2027. Chaque année, ils financeront 2 postdoctorants pendant 1 an. Les boursiers peuvent séjourner à l’Institut Fields ou à l’Institut Périmètre, mais on les encourage à passer du temps dans les 2 institutions.
Les postdoctorants participeront aussi à la formation d’étudiants à la maîtrise des centres de l’AIMS, en animant des séminaires, en donnant des cours et en faisant du mentorat.
« L’Institut Périmètre a une excellente réputation scientifique, dit M. Mahmoud, et ce stage m’aidera à postuler des emplois universitaires plus permanents. » [traduction]
Seth Asante, qui a été boursier postdoctoral des instituts Fields, AIMS et Périmètre en 2020-2021, est maintenant postdoctorant à l’Université Friedrich-Schiller d’Iéna, en Allemagne. Il ajoute que la diversité des perspectives est importante pour la science mondiale.
« C’est si facile de se cantonner dans un point de vue et de ne pas regarder ailleurs, dit-il. En sciences, un problème peut avoir de nombreuses facettes, et le fait de l’aborder sous différents angles peut permettre de le résoudre. » [traduction]
Pendant son séjour à l’Institut Périmètre, M. Asante a travaillé en étroite collaboration avec la professeure Bianca Dittrich, éminente spécialiste de la gravitation quantique. Ensemble, ils ont réalisé des progrès importants en vue de comprendre l’espace-temps et la gravité à l’échelle de l’infiniment petit. M. Asante et Mme Dittrich continuent de travailler en collaboration.
Paul Smith, Directeur administratif et chef de l’exploitation à l’Institut Périmètre, a déclaré que dans un monde où les institutions se font souvent concurrence, cet accord tripartite permet un partage au bénéfice de tous les participants.
« Nous nous engageons à embaucher un certain nombre de postdoctorants qui peuvent passer d’un institut à l’autre, dit-il. Cela leur permet de trouver davantage de collaborateurs, de développer de nouvelles compétences et de voir ce que des instituts de renom font au Canada. » [traduction]
Il ajoute que, par la suite, les boursiers agiront comme mentors pour d’autres postdoctorants et enseigneront à des étudiants diplômés. Et les collaborations mises sur pied se poursuivront bien après la fin de leur stage postdoctoral. « Ce n’est pas une avenue à sens unique, dit-il, et avec un peu de chance ils établiront des liens durables. » [traduction]
Mama Foupouagnigni, directeur des études à l’AIMS, est d’avis que ce partenariat bénéficie aux nations africaines en formant des scientifiques qui pourront ensuite apporter une contribution à leur pays d’origine.
« Le renouvellement de notre partenariat tripartite avec les instituts Fields et Périmètre procurera aux anciens de l’AIMS et à d’autres chercheurs africains une occasion convoitée de faire des stages postdoctoraux dans ces 2 institutions prestigieuses, dit-il. De plus, les boursiers apporteront leur concours à l’AIMS en passant 2 mois dans un centre de l’AIMS et en participant à la formation de nos étudiants à la maîtrise. » [traduction] L’AIMS détermine les formations assurées par les boursiers choisis dans le cadre du partenariat.
Paul Smith ajoute qu’il est important de diversifier la communauté des physiciens ici au Canada.
Une récente enquête menée par l’Association canadienne des physiciens et physiciennes a révélé que les Noirs sont significativement sous-représentés en physique, tant chez les étudiants que chez les professeurs. Les bourses octroyées dans le cadre de ce partenariat peuvent contribuer à changer cet état de fait. Selon Paul Smith, la présence de plus de scientifiques noirs comme modèles est essentielle pour inspirer une nouvelle génération plus diversifiée de talents.
Selon lui, le fait que de jeunes scientifiques africains travaillent en collaboration avec des chercheurs de dizaines de pays enrichit les recherches et la culture de l’Institut Périmètre. « C’est important pour l’Institut Périmètre en tant qu’institution, parce que nous pouvons apprendre quelque chose des différentes manières de travailler, de penser et de vivre.
« Au bout du compte, c’est bon pour la science mondiale.
« L’innovation et le progrès scientifique ne sont pas confinés au Canada. Nous avons besoin de scientifiques à l’échelle internationale, afin que d’autres pays puissent aussi former leurs propres étudiants, car l’un deux pourrait être le prochain Einstein. » [traduction]
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À propos de l’IP
L'Institut Périmètre est le plus grand centre de recherche en physique théorique au monde. Fondé en 1999, cet institut indépendant vise à favoriser les percées dans la compréhension fondamentale de notre univers, des plus infimes particules au cosmos tout entier. Les recherches effectuées à l’Institut Périmètre reposent sur l'idée que la science fondamentale fait progresser le savoir humain et catalyse l'innovation, et que la physique théorique d'aujourd'hui est la technologie de demain. Situé dans la région de Waterloo, cet établissement sans but lucratif met de l'avant un partenariat public-privé unique en son genre avec entre autres les gouvernements de l'Ontario et du Canada. Il facilite la recherche de pointe, forme la prochaine génération de pionniers de la science et communique le pouvoir de la physique grâce à des programmes primés d'éducation et de vulgarisation.