Une nouvelle découverte confirme des prédictions faites il y a 13 ans à propos des trous noirs
La récente détection de sursauts de rayonnement au voisinage de trous noirs a prouvé une théorie — dont l’un des auteurs est Avery Broderick, chercheur à l’Institut Périmètre — sur la croissance des trous noirs et la manière dont ils absorbent de la matière.
L’astrophysicien Avery Broderick est titulaire de la chaire Famille-Delaney-John-Archibald-Wheeler à l’Institut Périmètre.[/caption]
« C’est extrêmement enthousiasmant de voir nos idées théoriques correspondre à la réalité et de constater qu’il est possible d’observer ce genre de sursauts » [traduction], a déclaré M. Broderick, professeur associé à l’Institut Périmètre et professeur à l’Université de Waterloo, qui a prédit l’existence de ces sursauts il y a 13 ans avec son collaborateur Avi Loeb.
L’équipe chargée de l’instrument d’observation GRAVITY a décrit en détail la détection de 3 points chauds visuels, ou sursauts de rayonnement, émanant du trou noir baptisé Sagittaire A* (ou Sgr A*), situé au centre de la Voie lactée. L’équipe a détecté une oscillation d’émissions venant de ces sursauts, ce qui a permis aux scientifiques de découvrir l’orbite de croissance, appelée disque d’accrétion, du trou noir lui-même.
L’idée d’utiliser les émissions de points chauds visuels pour cartographier le comportement de trous noirs a été suggérée pour la première fois par MM. Broderick et Loeb en 2005, alors que les deux travaillaient au Centre d’astrophysique Harvard-Smithsonian.
Leur article publié en 2005 et un article de suivi publié en 2006 présentaient des modèles informatiques et la proposition des auteurs selon laquelle ces sursauts sont dus à la convergence de 2 phénomènes extrêmes : la courbure de la lumière autour du trou noir et la production de points chauds par des reconfigurations magnétiques (phénomène dit de reconnexion magnétique), qui accélèrent des particules chargées à des vitesses relativistes autour de Sgr A*. Les auteurs ont montré comment les points chauds pourraient servir de sondes visuelles pour préciser des structures au sein du disque d’accrétion et dans l’espace-temps lui-même.
« Les trous noirs sont les maîtres gravitationnels de leur domaine, et tout ce qui s’en approche trop près est mélangé dans un disque ultrachaud de plasma qui les entoure, a déclaré M. Broderick. La matière emprisonnée au voisinage du trou noir se dirige ensuite vers l’horizon des événements — point au-delà duquel même la lumière ne peut s’affranchir de l’intense gravité —, et le trou noir l’absorbe par des mécanismes qui ne sont pas encore totalement compris.
« Nous pensions que si les échelles temporelles des sursauts étaient voisines des échelles temporelles orbitales autour des trous noirs, elles pourraient représenter des caractéristiques du disque d’accrétion et nous aider à comprendre le comportement et la croissance des trous noirs. » [traduction]
L'article publié aujourd’hui dans la revue Astronomy and Astrophysics rapporte la détection des sursauts émanant de Sgr A* réalisée cette année à l’aide du Très Grand Télescope de l’Observatoire européen austral, au Chili. Même si les points chauds n’ont pas pu être parfaitement identifiés à l’aide du télescope, l’équipe chargée de l’instrument GRAVITY a reconnu l’oscillation d’émissions venant de ces sursauts alors que les points chauds correspondants étaient en orbite autour du trou noir supermassif.
Simulation d’un point chaud tournant autour de Sgr A*, réalisée par Avery Broderick et ses collaborateurs :
Simulation montrant une synthèse des signaux radio, infrarouges centraux et lumineux d’un point chaud tournant autour d’un trou noir :
Vidéo du New York Times2m> sur Sagittaire A* :
En orbite autour d’un trou noir
Entrevue avec Avery Broderick à propos de ces nouvelles recherches :
La découverte de points chauds confirme une théorie sur les trous noirs…
Avery Broderick
Professeur de physique et d’astronomie
… et de temps à autre se glisse un peu de clarté,
Further exploration
À propos de l’IP
L'Institut Périmètre est le plus grand centre de recherche en physique théorique au monde. Fondé en 1999, cet institut indépendant vise à favoriser les percées dans la compréhension fondamentale de notre univers, des plus infimes particules au cosmos tout entier. Les recherches effectuées à l’Institut Périmètre reposent sur l'idée que la science fondamentale fait progresser le savoir humain et catalyse l'innovation, et que la physique théorique d'aujourd'hui est la technologie de demain. Situé dans la région de Waterloo, cet établissement sans but lucratif met de l'avant un partenariat public-privé unique en son genre avec entre autres les gouvernements de l'Ontario et du Canada. Il facilite la recherche de pointe, forme la prochaine génération de pionniers de la science et communique le pouvoir de la physique grâce à des programmes primés d'éducation et de vulgarisation.