Rencontrez les boursières Simons-Emmy-Noether 2023
Chaque année, le programme de bourses Simons-Emmy-Noether sélectionne des physiciennes exceptionnelles du monde entier qu’il rassemble à l’Institut Périmètre pour soutenir leurs recherches et leur permettre d’établir de nouvelles collaborations. Le programme constitue une occasion privilégiée pour les femmes en début et en milieu de carrière, un stade critique de leur carrière universitaire. Cette année, nous sommes heureux d’accueillir sept nouvelles boursières Simons-Emmy-Noether, et – pour la première fois – quatre postdoctorantes invitées Simons-Emmy-Noether.
Angela Capel est professeure adjointe chargée du cours « Méthodes mathématiques de la théorie quantique » en physique mathématique à l’Université Eberhard Karl de Tübingen. Ses recherches se situent à la jonction de la théorie de l’information quantique et des systèmes à N corps. Elle s’intéresse aux inégalités fonctionnelles quantiques et aux inégalités entropiques. Dans le cadre de sa bourse Simons-Emmy-Noether, elle compte étudier la relation entre la convergence de l’évolution thermique des systèmes quantiques à N corps et l’extinction des corrélations sur les états de Gibbs des hamiltoniens locaux, en portant une attention particulière à l’émergence de différences entre les interactions à courte et à longue portée.
Publications sélectionnées :
I. Bardet, Á. Capel, L. Gao, A. Lucia, D. Pérez-García and C. Rouzé, Rapid thermalization of spin chain commuting Hamiltonians, Physical Review Letters, 130, 060401, 2023, DOI: 10.1103/PhysRevLett.130.060401
A. Bluhm, Á. Capel, P. Gondolf and A. Pérez-Hernández, Continuity of quantum entropic quantities via almost convexity, IEEE Transactions on Information Theory (to appear), 2023, DOI:10.48550/arXiv.2208.00922
A. Bluhm, Á. Capel and A. Pérez-Hernández, Exponential decay of mutual information for Gibbs states of local Hamiltonians, Quantum, 6, 650, 2022, DOI: 10.22331/q-2022-02-10-650
Á. Capel, C. Rouzé and D. Stilck França, The modified logarithmic Sobolev inequality for quantum spin systems: classical and commuting nearest neighbour interactions, Communications in Mathematical Physics (to appear), 2023, DOI:10.48550/arXiv.2009.11817
Zohreh Davoudi est professeure au Département de physique de l’Université du Maryland à College Park depuis 2017, et également chercheuse au Centre de physique fondamentale du Maryland ainsi que chercheuse principale et directrice adjointe à la diffusion des connaissances à l’Institut pour la simulation en quantique robuste de la Fondation nationale des sciences des États-Unis (NSF). Elle a obtenu son doctorat en 2014 de l’Université de Washington à Seattle, et s’est jointe peu après au Centre de physique théorique de l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT) comme postdoctorante associée. Elle a en outre été professeure affiliée au programme de recherche RIKEN jusqu’en 2020. Ses recherches portent sur l’étude de systèmes qui interagissent fortement dans la nature, tels que les hadrons et les noyaux, à l’aide de méthodes théoriques et informatiques, dont les théories effectives des champs, la théorie des jauges en treillis, la simulation quantique et l’informatique quantique. Ses travaux ont été récompensés par le Prix du chercheur ou de la chercheuse en début de carrière du département américain de l’Énergie (2019), une bourse de recherche Alfred P. Sloan (2019) et le prix Kenneth Wilson pour l’excellence dans le domaine de la théorie de jauge en treillis (2018). Grâce à sa bourse Simons-Emmy-Noether, elle est impatiente de pouvoir élargir ses recherches en simulation quantique et en information quantique dans le domaine de la physique nucléaire et de la physique des particules à l’Institut Périmètre (IP), et de collaborer avec les chercheurs de l’IP et avec ceux de l’Institut d’informatique quantique (IQC) de l’Université de Waterloo, situé à proximité.
Publications sélectionnées :
Quantum Simulation for High-Energy Physics
Proton-Proton Fusion and Tritium β Decay from Lattice Quantum Chromodynamics
Laura Donnay est physicienne théoricienne et professeure adjointe à l’École internationale supérieure d’études avancées, en Italie. Elle a obtenu son doctorat de l’Université libre de Bruxelles et a occupé des postes postdoctoraux à l’Université Harvard et à l’Université technique de Vienne. Ses travaux portent sur les aspects classiques et quantiques de la gravité, en particulier sur l’émergence de symétries de dimensions infinies aux limites de l’espace-temps, comme dans la région proche de l’horizon des trous noirs et à la limite des espaces-temps asymptotiquement plats. Ses projets de recherche visent à établir une correspondance holographique pour des espaces-temps réalistes et seront soutenus par une prestigieuse bourse pour jeunes chercheurs en début de carrière du Conseil européen de la recherche (ERC Starting Grant).
Publications sélectionnées :
L. Donnay, A. Fiorucci, Y. Herfray, R. Ruzziconi, "A Carrollian Perspective on Celestial Holography'', Phys. Rev. Lett. (2022), arXiv:hep-th/2202.04702.
L. Donnay, C. Marteau, "Carrollian Physics at the Black Hole Horizon'', Class. Quant. Grav. 36 (2019) 16, arXiv:hep-th/1903.09654.
L. Donnay, A. Puhm, A. Strominger, "Conformally Soft Photons and Gravitons'', JHEP 01 (2019) 184, arXiv:hep-th/1810.05219.
L. Donnay, G. Giribet, H. A. Gonzalez, M. Pino, "Supertranslations and superrotations at the horizon'', Phys. Rev. Lett. 116 (2016) 091101, arXiv:hep-th/1511.08687.
Marina Krstic Marinkovic est professeure adjointe en poste menant à la permanence à l’École polytechnique fédérale (ETH) de Zurich et fait partie des membres fondateurs de la collaboration RC*. Elle étudie les avancées algorithmiques et les simulations à grande échelle des interactions fortes et électromagnétiques dans le modèle standard de la physique des particules. La professeure Marinkovic a obtenu son doctorat de l’Université Humboldt de Berlin, suivi d’un stage postdoctoral de deux ans à l’Université de Southampton et de trois ans comme agrégée supérieure de recherche au CERN. Avant de se joindre à l’ETH, elle a été titulaire de la chaire de professeur adjoint Hitachi en calcul de haute performance au Trinity College de Dublin et titulaire d’une chaire de « professeur junior » (Juniorprofessur) à l’Université Louis-et-Maximilien de Munich. Ses recherches se situent à la jonction entre les aspects théoriques et informatiques des théories de jauge en treillis et d’autres systèmes à interactions fortes. Des scientifiques du monde entier ont utilisé pour effectuer des calculs précis de chromodynamique quantique (CDQ) les progiciels de simulation de Marinkovic, basés sur des algorithmes sophistiqués et optimisés pour des infrastructures de calcul de haute performance. En plus d’être une pionnière des calculs ab initio en physique des particules, ses recherches sur de nouveaux algorithmes quantiques pour les ordinateurs NISQ (noisy intermediate scale quantum) ont récemment été reconnues par le Google Faculty Research Award (prix Google pour la recherche universitaire).
Publications récentes :
Sandip Maiti, Debasish Banerjee, Shailesh Chandrasekharan, Marina K. Marinkovic (Jul 8, 2023) “A qubit regularization of asymptotic freedom at the BKT transition without fine-tuning.”
RC* Collaboration, Lucius Bushnaq et al. (Sep 27, 2022) “First results on QCD+QED with C* boundary conditions.”
Marina Krstic Marinkovic, Marina Radulaski (Aug 25, 2022) “Complexity reduction in resonant open quantum system Tavis-Cummings model with quantum circuit mapping.”
Verónica Errasti Díez, Marina Krstic Marinkovic (Dec 21, 2021) “Symplectic quantization of multifield generalized Proca electrodynamics.”
Ferah Munshi, professeure adjointe au Département de physique et d’astronomie de l’Université George-Mason, est astrophysicienne théoricienne spécialiste des simulations de la formation des galaxies comme outil pour comprendre la nature de la matière noire dans le modèle de matière noire froide (ou CDM pour Cold Dark Matter), largement admis, et d’autres modèles de matière noire, comme celui de la matière noire auto-interagissante (ou SIDM pour Self-Interacting Dark Matter). Avant d’entrer à l’Université George-Mason, elle a été professeure adjointe à l’Université de l’Oklahoma et boursière postdoctorale VIDA à l’Université Vanderbilt après avoir obtenu son doctorat de l’Université de Washington. À l’Institut Périmètre, Ferah Munshi compte affiner les modèles de matière noire, nouveaux et actuels, grâce à des simulations de formation des galaxies en vue de faire des prédictions qui pourront être vérifiées par des observations futures (réalisées à partir, par exemple, du télescope spatial Roman). Elle se concentrera en particulier sur les plus petites galaxies : les galaxies naines.
Publications sélectionnées :
https://ui.adsabs.harvard.edu/abs/2021ApJ...923...35M/abstract
https://ui.adsabs.harvard.edu/abs/2019ApJ...874...40M/abstract
https://ui.adsabs.harvard.edu/abs/2013ApJ...766...56M/abstract
https://ui.adsabs.harvard.edu/abs/2022arXiv220307049B/abstract
Sedighe Sajadian, professeure adjointe au Département de physique de l’Université de technologie d’Ispahan, en Iran, travaille sur le phénomène de microlentille gravitationnelle et ses applications. Elle est également membre du groupe MiNDSTEp, qui surveille les événements de microlentille et de transit par des observations à l’aide du télescope national danois. Dans le cadre de cette collaboration, elle effectue une réduction des données et une modélisation de la fonction d’étalement du point (PSF pour Point Spread Function) des images prises par le télescope danois de 1,54 m. Grâce à la bourse Simons-Emmy-Noether, elle pourra travailler avec des scientifiques de l’Institut Périmètre sur les aspects théoriques et numériques des observations par microlentille gravitationnelle avec la nouvelle génération de télescopes. Pour elle qui apprécie l’Institut Périmètre, une telle collaboration constitue une occasion extraordinaire.
Publications récentes :
Fatheddin, Hossein and Sedighe Sajadian (Mar. 2023). “A Statistical Relation between Mass, Age, and Velocity Dispersion in the Solar Neighborhood”. In: ApJ 945.1, 75, p. 75. doi: 10.3847/1538-4357/acb548. arXiv: 2212.13349 [astro-ph.GA].
Sajadian, Sedighe (June 2023). “Numerically studying the degeneracy problem in extreme finite-source microlensing events”. In: MNRAS 521.4, pp. 6383–6391. doi: 10.1093/mnras/stad945. arXiv: 2304.09529 [astro-ph.IM].
Sajadian, Sedighe and Kailash C. Sahu (Mar. 2023). “Detecting Isolated Stellar-mass Black Holes with the Roman Telescope”. In: AJ 165.3, 96, p. 96. doi: 10.3847/1538-3881/acb20f. arXiv: 2301.03812 [astro-ph.GA].
Sajadian, Sedighe and Parisa Sangtarash (Apr. 2023). “Microlensing due to free-floating moon-planet systems”. In: MNRAS 520.4, pp. 5613–5621. doi: 10.1093/mnras/stad484. arXiv: 2302.05230 [astro-ph.EP].
Thomas, Cristina A. et al. (Mar. 2023). “Orbital Period Change of Dimorphos Due to the DART Kinetic Impact”. In: Nature 616, pp. 448–451. doi: 10.1038/s41586-023-05805-2. arXiv: 2303.02077 [astro-ph.EP].
Cora Uhlemann, professeure agrégée en cosmologie à l’Université de Newcastle, commencera à titre de professeure à l’Université de Bielefeld en mars 2024. Elle travaille sur la modélisation de la structure cosmique à grande échelle et s’en sert comme laboratoire de physique fondamentale. Elle codirige le module de travail Additional Galaxy Clustering Probes (autres sondes de formation d’amas de galaxies) de la mission spatiale Euclid dans le but de cartographier l’Univers sombre. Elle fait également partie de l’équipe thématique de statistiques d’ordres supérieurs du relevé LSST (Legacy Survey of Space and Time) de l’Observatoire Vera-C.-Rubin.
Depuis ses études en physique théorique au pays d’Emmy Noether, Cora Uhlemann se plaît à relier les concepts de différentes branches de la physique et des mathématiques. Au cours de son doctorat à l’Université Louis-et-Maximilien de Munich, elle a travaillé à décrire la dynamique de la matière noire au moyen de la correspondance quantique-classique, des travaux qu’elle envisage de poursuivre à l’Institut Périmètre. Pendant son postdoctorat à l’Institut Delta de physique théorique aux Pays-Bas et plus tard au Centre de cosmologie théorique Stephen-Hawking à Cambridge, elle s’est concentrée sur la prédiction des statistiques de distribution de la matière à grande échelle selon le principe des grandes déviations. Grâce à sa récente bourse pour jeunes chercheurs en début de carrière du Conseil européen de la recherche (ERC Starting Grant), elle réunira les deux concepts pour « sonder la structure cosmique à grande échelle au-delà de la moyenne » à l’aide de relevés de galaxies couvrant des zones du ciel plus étendues que jamais.
Cora Uhlemann se passionne pour les initiatives en faveur des femmes et des minorités de genre en physique, comme le programme « Physikerinnen[TRA_CF1] » (Physiciennes) de la Société allemande de physique, dirigé par Ulrike Boehm.
Publications sélectionnées :
Making (dark matter) waves: Untangling wave interference for multi-streaming dark matter
A semiclassical path to cosmic large-scale structure
Fisher for complements: Extracting cosmology and neutrino mass from the counts-in-cells PDF
Back in the saddle: Large-deviation statistics of the cosmic log-density field
Boursières postdoctorales Simons-Emmy-Noether 2023
L’année 2023 marque le lancement du programme de postdoctorantes invitées Simons-Emmy-Noether de l’Institut Périmètre. Les quatre premières titulaires à recevoir la bourse sont Claudia Cornella (Université Johannes-Gutenberg de Mayence), Flaminia Giacomini (École polytechnique fédérale de Zurich), Anna Golubeva (Institut de technologie du Massachusetts) et Ana-Maria Raclariu (Université d’Amsterdam).
Le programme de bourses Simons-Emmy-Noether de l’Institut Périmètre bénéficie du soutien financier de la Fondation Simons.
À propos de l’IP
L'Institut Périmètre est le plus grand centre de recherche en physique théorique au monde. Fondé en 1999, cet institut indépendant vise à favoriser les percées dans la compréhension fondamentale de notre univers, des plus infimes particules au cosmos tout entier. Les recherches effectuées à l’Institut Périmètre reposent sur l'idée que la science fondamentale fait progresser le savoir humain et catalyse l'innovation, et que la physique théorique d'aujourd'hui est la technologie de demain. Situé dans la région de Waterloo, cet établissement sans but lucratif met de l'avant un partenariat public-privé unique en son genre avec entre autres les gouvernements de l'Ontario et du Canada. Il facilite la recherche de pointe, forme la prochaine génération de pionniers de la science et communique le pouvoir de la physique grâce à des programmes primés d'éducation et de vulgarisation.