Galerie de portraits — Dessins de physiciens quantiques par l’artiste Jayne Reich

Lorsque l’artiste Jayne Reich a accompagné son mari physicien à l’Institut Périmètre pendant l’été 2016, elle a décidé de réaliser un projet original à l’intersection de l’art et de la science.

Pendant une session sur les fondements quantiques organisée autour des travaux de Yakir Aharonov, l’artiste Jayne Reich a installé un studio impromptu dans le salon de réflexion de l’Institut Périmètre. Elle a invité tous les scientifiques participants à venir poser pour des portraits faits à la craie sur du papier noir rappelant le tableau noir, support universel de la créativité en physique théorique. Chaque modèle a choisi la couleur de craie à utiliser pour son portrait.

Tout en dessinant, elle a fait parler ses modèles de l’origine de leurs idées, et a invité chacun à ajouter au dessin une équation importante ou sa signature. Voici quelques-uns de ces portraits.


Sir Anthony Leggett, lauréat d’un prix Nobel et professeur à l’Université de l’Illinois


Lev Vaidman, professeur à l’Université de Tel Aviv

« Bohr nous a interdit de demander où se trouvait une particule à l’intérieur d’un interféromètre. Wheeler a eu le courage de suggérer une définition : la particule se trouvait sur la trajectoire par laquelle elle pouvait passer. Je crois aussi que l’on peut parler du passé d’une particule quantique, mais pas comme Wheeler l’a fait. La bonne description du lieu où la particule affecte un autre système est la résultante des fonctions d’onde quantiques évoluant en sens direct et en sens inverse introduites par Aharonov, Bergmann et Lebowitz en 1964. J’ai mis le schéma sur le portrait parce qu’il montre un cas surprenant de chemin non continu que j’ai confirmé avec une équipe à Tel Aviv, à l’aide d’une expérience au cours de laquelle nous avons 'demandé' aux photons qui passaient dans l’interféromètre : 'Où êtes-vous allés?' » [traduction]

Bill Unruh, professeur à l’Université de la Colombie-Britannique

« Un des aspects-clés de la créativité en sciences est de mettre dans la balance une intense autocritique (pour m’assurer de connaître avant toute autre personne toutes les faiblesses de mon idée) et d’essayer de trouver un passage dans le marécage de la confusion, des erreurs et des simples difficultés techniques. En général, je refais tous les calculs de nombreuses fois, car je commets constamment des erreurs. On n’a pas le droit de s’arrêter avant d’être absolument certain que tout est correct. L’équation du portrait est le lien entre température et accélération que j’ai découvert il y a bien des années. » [traduction]

Neil Turok, directeur de l’Institut Périmètre


Jeff Tollaksen, directeur de l’Institut d’études quantiques, Université Chapman


Taylor Patti, Université Chapman

« D’une manière très semblable à la réalisation d’un portrait, l’élaboration d’une nouvelle théorie physique est souvent considérée comme une quête sobre et solitaire, alors qu’en réalité elle résulte inévitablement de la joie et de la collaboration authentiques de personnes ayant des sources d’inspiration semblables. Pour apporter une contribution réelle à notre compréhension de la nature sous ses aspects les plus fondamentaux, je dois évaluer honnêtement mes recherches en physique et expliquer mes conclusions sans détour, et même d’une manière véritablement audacieuse. Le portrait me montre telle que je me vois, avec l’esprit et les yeux songeurs, et les mains vides qui attendent. » [traduction]

Sandu Popescu, professeur à l’Université de Bristol


Carlo Rovelli, professeur au Centre de physique théorique de Luminy,
Université de la Méditerranée


Ismaël Paiva, Université Chapman


Clair Dai, étudiante en mathématiques à l’Université de Waterloo

« La création mathématique n’est pas seulement une opération intellectuelle. La beauté mathématique exige un véritable sens esthétique. Plus précisément, il faut que tous les éléments soient disposés de manière harmonieuse dans l’esprit pour que celui-ci saisisse sans effort à la fois l’ensemble et les détails, afin d’exprimer la beauté et l’élégance des mathématiques. » [traduction]

Lucien Hardy, professeur à l’Institut Périmètre

« L’art constitue une manière puissante de réfléchir à la réalité et de la représenter. L’artiste et le sujet font alors partie du processus : chacun influence l’autre. Poser pour Jayne a été comme de faire partie d’une expérience quantique, mais du côté inconnu de la limite de Heisenberg. » [traduction]

Yutaka Shikano, professeur adjoint invité à l’Institut d’études quantiques,
Université Chapman

« Pour paraphraser Georgia O’Keeffe à propos de la mécanique quantique : rien n’est moins réel que le réalisme, les détails sont déroutants; c’est seulement par présélection, par postsélection, par amplification que nous approchons de la vraie signification des choses. C’est la valeur faible. » [traduction]

Andrew Briggs, professeur de nanomatériaux, Université d’Oxford


Francesca Vidotto, Université Radboud

« Mes mains vous offrent ma collaboration et ma passion pour les mystères de l’univers. Mes mains, ma dextérité peuvent donner naissance à un univers entier. Dans la théorie de la gravitation quantique à boucles, sur laquelle je travaille, l’univers entier s’effondre et rebondit pour donner l’univers en expansion que nous observons aujourd’hui. Au moment du rebond, la géométrie est une géométrie quantique, décrite mathématiquement par un réseau de lignes reliant les quantums d’espace-temps. Pour modeler la forme de l’univers, il faut de la dextérité — une dextérité mathématique —, mais cela découle d’abord d’une vision, selon un processus très semblable à celui d’une création artistique. » [traduction]

Ali Nayeri, professeur adjoint à l’Université Chapman

« En regardant les portraits, on voit que la superposition des talents, de la curiosité et de la découverte témoigne de moments uniques vécus lors de la rencontre de l’Institut Périmètre et de l’Institut d’études quantiques. » [traduction]

Matt Leifer, professeur adjoint à l’Université Chapman

« Garder la pause pour un portrait ressemble à une méditation : on peut se perdre dans ses propres pensées, ou se laisser aller et perdre complètement la conscience de soi. Cela ressemble un peu à mes sentiments à propos de la physique quantique, où il y a une tension entre le besoin évident qu’a la science de décrire une réalité objective et les prédictions de la théorie, qui ne peut décrire le monde que du point de vue d’un observateur. Il semble qu’il soit impossible d’obtenir les deux en même temps. Nous avons besoin des deux points de vue et des deux états d’être, et nous avons besoin de concilier les deux d’une manière ou d’une autre. Le yin et le yang de la lettre grecque lambda, symbole d’un état objectif de la réalité, et de la lettre rho, symbole d’un état subjectif de connaissance, représentent ma quête d’une telle unification. » [traduction]

Aephraim Steinberg, physicien quantique à l’Université de Toronto


Avshalom Elitzur, professeur agrégé à l’Institut israélien de technologie
et à l’Institut Weizmann des sciences

« Poser pour Jayne est toujours une expérience unique. Elle ne vous dessine pas tel que vous êtes — après tout, c’est une artiste, pas une photographe. Elle dessine plutôt ce que ses yeux voient en vous. Et ses yeux sont très particuliers : perspicaces, indiscrets et, surtout, bienveillants. Je ne crois pas qu’elle tentait de me flatter, comme on pourrait le penser en voyant le tableau plus beau que la réalité. On dirait plutôt que Jayne est capable de voir la personne que vous voulez être, et de la montrer telle quelle à vous et au monde entier. » [traduction]

Armen Gulian, Université Chapman


Robert Spekkens, professeur à l’Institut Périmètre


Lidia del Rio, Université de Bristol


À propos de l’IP

L'Institut Périmètre est le plus grand centre de recherche en physique théorique au monde. Fondé en 1999, cet institut indépendant vise à favoriser les percées dans la compréhension fondamentale de notre univers, des plus infimes particules au cosmos tout entier. Les recherches effectuées à l’Institut Périmètre reposent sur l'idée que la science fondamentale fait progresser le savoir humain et catalyse l'innovation, et que la physique théorique d'aujourd'hui est la technologie de demain. Situé dans la région de Waterloo, cet établissement sans but lucratif met de l'avant un partenariat public-privé unique en son genre avec entre autres les gouvernements de l'Ontario et du Canada. Il facilite la recherche de pointe, forme la prochaine génération de pionniers de la science et communique le pouvoir de la physique grâce à des programmes primés d'éducation et de vulgarisation.

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